L’information est due aux salariés ! FO la donne !
Un matin, en arrivant à la fédération, un camarade nous a interpellés à propos d’une émission qui était passée sur ARTE. Ses propos étaient très inquiétants et un peu « incompréhensibles », il additionnait les mots cancer, poison, textile, cuir, etc.
Comment était-il possible qu’après le scandale des canapés « brulants » et autres tongs « option grill », il pouvait y avoir d’autres problèmes de ce genre ? Aucune leçon n’aurait été prise.
Suite à une recherche sur le net, nous avons pu regarder ce fameux reportage si alarmant.
A la fin de la visualisation, c’était clair… nous ne pouvions pas garder cela pour nous, c’est un vrai scandale sanitaire qui perdurait depuis plusieurs années.
Dans cette recherche, nous avons pu trouver de nombreux articles et reportages qui dénonçaient les conditions de travail dans les pays asiatiques, les désagréments subis par les clients à cause des poisons contenus dans le textile et le cuir.
Et les salariés des pays importateurs dans tout ça ?
Ceux qui manipulent les produits, dans les transports, dans les entrepôts, dans les magasins sont oubliés dans cette affaire, mis à part, des salariés de H&M accompagnés par le syndicat VERDI en Allemagne qui ont réalisé un travail important pour diminuer les risques. Pour les salariés des autres enseignes… RIEN !
C’est pour cela que la section COMMERCE de la FEC FO a, dès le lendemain, entrepris une information auprès de l’ensemble de ses militants, à travers un tract, une affiche et bien entendu l’envoi du lien de la vidéo qui est toujours disponible sur le net (elle est d’ailleurs visible sur notre blog principal : http://fecfocommerce.unblog.fr/2012/07/14/du-poison-dans-nos-vetements ).
Nous sommes rapidement retombés sur terre en nous rendant compte que c’est l’omerta la plus complète dans les enseignes. Cette situation rendait nécessaire l’intervention de personnes compétentes pour nous faire un point précis sur la situation des salariés.
Les prérogatives, nous les avions à travers les militants qui œuvrent dans les CHSCT, mais point de médecin, chimiste ou autres parmi eux, uniquement des militants de bonne foi qui font au mieux quotidiennement. Nous nous sommes retournés auprès d’un partenaire de longue date, un partenaire pluridisciplinaire, TECHNOLOGIA, pour lui demander conseil.
Suite aux discussions au sein de différentes instances fédérales et étant donné que nous n’étions pas les seuls concernés, notre Secrétaire général a sollicité la Confédération pour qu’une réunion se tienne dans ses locaux en invitant d’autres fédérations, ainsi que l’AFOC pour y intervenir.
Cette réunion était une belle réussite sur la qualité des interventions et sur la représentation de militants travaillant dans plus d’une dizaine d’enseignes. Des Délégués Syndicaux, des membres de CHSCT, des Délégués du Personnel, militant dans une huitaine de branches des Grands Magasins/Magasins Populaires, de l’habillement succursaliste et du détail, de l’ameublement, de la chaussure succursaliste et du détail, des articles de sport, mais aussi des camarades de la logistique, réunis dans la salle Robert BOTHEREAU. Du côté des intervenants, trois fédérations étaient représentées, ainsi que l’AFOC et TECHNOLOGIA (les supports d’interventions de ces deux derniers intervenants sont repris dans ce document).
Sur la base des nombreux témoignages de nos camarades nous avons pu avoir une discussion large et constater que les militants rencontrent des obstacles de la part de leurs directions respectives, voire même de militants d’autres organisations syndicales qui prennent notre implication comme une rivalité.
Comme quoi le syndicalisme rassemblé, voulu par certains, n’est pas au bénéfice des salariés, mais uniquement pour museler les actions indépendantes.
Les démarches d’entreprises qui communiquent plusieurs années durant sur un engagement, avec une partie de leurs fournisseurs, à ne plus utiliser des produits dangereux dans leurs productions industrielles n’ont qu’un but restaurer la confiance des consommateurs non avertis.
Voire même elles sont soutenues par une organisation mondialement connue « GREENPEACE » qui se félicite de ces engagements (cités plus haut) dilués dans le temps et sur un périmètre partiel (voir article en page 22).
Pourquoi vouloir se donner bonne conscience avec une communication dirigée vers les clients et ne pas donner les moyens nécessaires ou juste laisser les instances représentatives remplir leurs missions ?
Les réponses sont variées, mais la première est sûrement de faire du « fric » en gagnant la confiance des clients, la deuxième, c’est que la situation risque d’être explosive sur le plan sanitaire.
Il est vrai qu’un accident du travail ou une maladie professionnelle a un impact sur les entreprises en termes de taux de cotisations et de surveillance de la CARSAT.
Si rien n’est fait, les salariés, exposés aux poisons dans le textile et le cuir dans le milieu professionnel, ne bénéficieront que d’une prise en charge à minima par la Sécurité Sociale dans le cadre d’une maladie « non professionnelle ». Aucun droit ne sera ouvert en terme d’accident du travail, de maladie professionnelle, voire de pénibilité, les salariés se retrouveront lésés en fin de parcours.
Il est temps d’agir et de saisir l’ensemble de nos interlocuteurs CARSAT, Inspections du travail, Médecine du travail, de mener nos missions dans le cadre des DP et du CHSCT aidées par des experts pluridisciplinaires.
Mais la meilleure des solutions reste la réindustrialisation en France pour produire en respectant les normes européennes (et non chinoises), pour limiter les transports, et par effet domino, faire diminuer le chômage.
La marinière du ministre du Redressement productif ne relancera pas l’industrie française du textile et du cuir qui a été massacrée et délocalisée.
Produire au plus près du consommateur, c’est lutter contre le chômage, contre la pollution et cela devient SANITAIRE !